mardi 13 décembre 2011

JE TE SOUHAITE...


Je te souhaite d'abord que tu aimes
Et qu'en aimant, tu sois à ton tour aimé.
Et, si ce n'est pas le cas, que tu puisses vite oublier
Et qu’après avoir oublié,  tu ne gardes aucune rancune.
Je ne souhaite pas que cela en soit ainsi, mais si c’est le cas
Que tu saches « être » sans désespérer.

Je te souhaite aussi que tu aies des amis,
Et même s'ils sont mauvais et inconséquents,
Qu'ils soient vaillants et fidèles.
Et qu’entre eux, il y ait au moins un,
À qui tu puisses te confier sans crainte. 

Et parce que la vie est ainsi faite,
Je te souhaite aussi que tu aies des ennemis.
Ni trop, ni trop peu, juste la bonne mesure, pour que parfois,
Tu puisses questionner tes propres certitudes.
Et que parmi eux, il y ait au moins un qui soit juste,
Pour que tu ne te sentes pas trop sûr de toi...

Je te souhaite aussi que tu sois utile,
Mais point irremplaçable. Et que dans les mauvais moments,
Quand il ne te restera plus rien,
Que cette utilité t’aide à te maintenir debout.

De la même manière, je te souhaite aussi que tu sois tolérant.
Pas avec ceux qui se trompent peu, parce que cela est facile,
Sinon avec ceux qui se trompent beaucoup et inévitablement.
Et que faisant bon usage de cette tolérance,
Que tu serves d’exemple à d’autres.

Je te souhaite qu’étant jeune, tu ne mûrisses point trop vite
Et qu’une fois mûr, que tu n’insistes pas à rajeunir,
Et qu’étant vieux, que tu ne te laisses pas au désespoir.
Parce que chaque âge à son plaisir et sa douleur
Et il est nécessaire de les laisser couler entre nous.

Je te souhaite de ce pas, que tu sois triste.
Pas toute l’année sinon à peine un jour.
Mais que ce jour, tu découvres que le rire journalier est bon,
Que le rire habituel est ennuyeux et que le rire constant est malsain.

Je te souhaite que tu découvres, urgemment, au-delà et malgré tout,
Qu’il existe et t’entourent des êtres opprimés,
Traités avec injustice et des personnes malheureuses.

Je te souhaite que tu caresses un chat,
Que tu donnes à manger à un oiseau
Et que tu écoutes le chardonneret se dresser
Triomphant avec son chant matinal,
Parce que de cette manière, tu pourras te sentir bien pour un rien.

Je souhaites que tu plantes une graine,
Pour plus petite qu’elle soit et que tu l’accompagne dans sa croissance.
Pour que tu puisses découvrir de combien de vies est fait un arbre.

Je te souhaite en plus que tu aies de l’argent,
Parce qu’il est nécessaire d’être pratique.
Et qu’au moins une fois par an,
Tu mettes une partie de cet argent devant toi
Et que tu dises "Ceci est à moi",
Seulement pour tirer au clair qui est maître de qui.

Je te souhaite qu’aucun de tes affectionnés ne meurt.
Mais si l’un d’eux arrive à mourir, que tu puisses pleurer
Sans te lamenter et souffrir sans te sentir coupable.

Je te souhaite enfin qu’étant homme, tu aies une bonne femme.
Et qu’étant femme, tu aies un bon mari.
Demain et après-demain et quand vous soyez épuisés et souriants,
Que vous puissiez parler d’amour pour recommencer. 

Et si toutes ces choses viennent à t’arriver,
Je n’ai plus rien d’autre à te souhaiter...


*Traduction du poème original « Desejo "Os Votos" » de Sergio Jockymann, publié  en 1980 dans le journal « El Jornal  Folha da Tarde, de Porto Alegre-RS » , au Brésil.


lundi 5 décembre 2011

A TOUS LES BONS PARENTS MÉCHANTS…


Un jour, quand mes enfants seront assez vieux, pour comprendre la logique qui motive un parent, je vais leur dire, comme mes parents méchants m'ont dit:

"Je t'ai aimé assez pour te demander où tu allais, avec qui, et quand tu serais de retour à la maison... Je t'ai aimé assez pour être patiente jusqu'à ce que tu découvres que ta nouvelle meilleure amie ou ton grand copain, n'était pas fréquentable....
Je t'ai aimé assez pour me tenir plantée là, dans le cadre de la porte pendant deux heures tandis que tu nettoyais ta chambre, une affaire de 15 minutes en principe…
Je t'ai aimé assez pour te laisser voir la colère, la déception et les larmes dans mes yeux. Les enfants doivent apprendre que leurs parents ne sont pas parfaits.
Je t'ai aimé assez pour te laisser assumer la responsabilité de tes actions même lorsque les pénalités étaient si dures qu'elles ont presque brisé mon cœur.
Mais surtout, Je t'ai aimé assez pour dire "NON" même quand je savais que tu me détesterais pour cela. Telles étaient les batailles les plus difficiles de toutes. Je suis heureuse de les avoir gagnées, parce qu'à la fin, tu y as gagné aussi.

Et un jour, quand tes enfants seront assez vieux pour comprendre la logique qui motive des parents "méchants", tu leur diras : "Vos parents étaient ils méchants?
Les miens l'étaient J'ai eu les parents les plus méchants du monde entier. Pendant que d'autres enfants mangeaient des sucreries pour les repas, j'ai dû manger des céréales, des œufs, et des légumes… […]
Mes parents ont insisté pour savoir où j'étais en tout temps. On aurait pu croire que j'étais enfermée dans une prison. Ils devaient savoir qui mes amis étaient et ce que je faisais avec eux… Ils insistaient si je disais que je serais partie pour une heure, pour que ce soit seulement une heure ou moins…

J'avais honte de l'admettre, mais mes parents ont enfreint la loi sur la protection des enfants concernant le travail en me faisant travailler. J'ai dû faire la vaisselle, mon lit… apprendre à faire la cuisine, passer l'aspirateur, faire mon lavage, vider les poubelles et toutes sortes d'autres travaux cruels.... Je pense qu'ils se réveillaient la nuit pour imaginer de nouvelles tâches à me faire faire...

Ils ont toujours insisté pour que je dise la vérité, juste la vérité et rien que la vérité. Au moment où je suis devenue adolescente, ils pouvaient lire dans mon esprit et avaient des yeux tout autour de la tête. Puis, la vie est devenue vraiment dure…
Mes parents ne laissaient pas mes amis juste klaxonner quand ils venaient me chercher. Ils devaient venir à la porte pour qu'ils puissent les rencontrer. Pendant que chacun pouvait fréquenter un ou une petite amie quand ils avaient 12 ou 13 ans, j'ai dû attendre d'en avoir 16... À cause de mes parents, j'ai manqué beaucoup de choses que d'autres enfants ont expérimentées. Je n'ai jamais été prise pour vol à l'étalage, vandalisme, alcoolisme, ni même arrêtée pour tout autre crime. C'était «tout de leur faute».

Maintenant que j'ai quitté la maison, je suis instruite et une adulte honnête. Je fais de mon mieux pour être un parent méchant comme mes parents l'étaient. Je pense que c'est ce qui ne va pas avec le monde aujourd'hui. Il n'y a pas assez de parents méchants. Merci donc à tous les parents qui ont été assez méchants dans notre jeunesse pour nous apprendre à être de méchantes bonnes personnes…"


*Texte de Stéphanie Chariot-Auchere. Neuropsychologue.